Le 14 mai dernier, pendant que vous, mes chers concitoyens, dormiez jusqu'au dernier,
on vous fit payer cher cette journée fériée!
La loi de sécurisation de l'emploi par le Sénat votée,
c'est les ultimes exigences du MEDEF qui furent adoptées,
"La fin du CDI, c'était inévitable!"
disait Nicolas Doisy, tranquillement assis à une table
ou plutôt à son bureau, le chief economist de chez Chevreux
disait que sans cette réforme, le marché s'arracherait les cheveux,
nous expliquant que qui que soit le prochain Président,
il devrait s'y atteler tambour battant, c'est évident!
Et pile un an après, ouais, on vérifie dans
le détail que le plan de bataille de la finance nous a mis dedans!
Ils ont une dent contre les protections sociales,
rêvant d'une masse laborieuse malléable sans obstacle notable,
offrant travailleurs jetables, et impunité totale,
comme à Warren Anderson pour la catastrophe de Bhopal!
Le 14 mai, le rêve du MEDEF exhaussé
par le PS -mais est-ce un motif pour s'en étonner?-
Le projet de loi est voté, le ton de suite est donné,
le prolétariat abandonné, et le patronnat couronné!
La loi, votée à voix contre 169 voix contre 33,
prévoit que l'entreprise pourra mieux se débarrasser de toi,
par exemple pour avoir refusé de changer de poste,
quand bien même le poste n'a rien à voir, comme De Beauvoir et Prost,
ou bien encore pour avoir refusé une mutation,
même pour aller dans le Var, alors que tu vivais à Lyon,
ou alors si plus simplement on te juge incompétent,
rien à prouver scientifiquement, on s'en remet complètement
à leurs jugements, motif aussi possible pour licenciement:
si on te paye moins cher et que tu refuses d'obéir gentiment,
devant une baisse de salaire pouvant aller jusqu'au SMIC,
ça a l'malheur de te déplaire? Tu vas droit aux ASSEDIC,
en vertu de l'article 18 de l'ANI, qui affaiblit voire détruit
les droits de tous les travailleurs à travers le pays!
Ah! Et puis les procédures de licensiements
et de plans sociaux dorénavant pourront se faire plus rapidement;
parallèlement un nouveau contrat de travail:
le CDI intermittent, c'est leur dernière trouvaille,
alternant périodes travaillées et périodes de chômage,
c'est le patronat qui dicte nos lois au pays du fromage!
Comme c'est dommage, car la loi de sécurisation de l'emploi
ne sécurise que l'entreprise, et laisse les employés sans droits,
ça laisse pantois, cette loi prévoit également le rétrécissement
du délai de saisine des prud'hommes de 2 et 3 ans respectivement
pour les salaires et licenciements,
ce qui éclaire utilement sur les intentions de ceux qui font plier le Parlement!
Et des indemnités plafond auront l'aplomb
d'éviter aux patrons de payer le prix de leurs actions!
Et non contents de ces faveurs accordées aux exploiteurs,
on allège leurs cotisations de 20 milliards d'euros par peur
de déplaire aux puissants, puis sans oublier la cerise:
l'imposition des allocations pour faire face à la crise!
Que l'aristocratie se tranquillise quant à François Hollande:
il va pas prendre aux riches; c'est nous qu'il leur donne en offrande!
Autant dire qu'il n'y a plus qu'à attendre que les travailleurs
laissent le taf aux patrons en leur disant d'aller se faire voir ailleurs!